UNIVERSITÉ NATIONALE DU VIETNAM À HANOÏ
UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT DE LANGUE ET DE CIVILISATION FRANÇAISES
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES UNIVERSITAIRES
DES EMPRUNTS AU FRANÇAIS
DANS LE VIETNAMIEN AU QUOTIDIEN
Sous la direction de
: Mme Đỗ Thanh Thủy
Réalisé par
: Ngô Đặng Đại Phong
Promotion
Code d’étudiant
: QH2014. F1
: 14041155
HANOÏ – 2018
i
ĐẠI HỌC QUỐC GIA HÀ NỘI
TRƯỜNG ĐẠI HỌC NGOẠI NGỮ
KHOA NGƠN NGỮ VÀ VĂN HỐ PHÁP
KHỐ LUẬN TỐT NGHIỆP
TỪ VAY MƯỢN TIẾNG PHÁP SANG TIẾNG VIỆT
TRONG ĐỜI SỐNG THƯỜNG NHẬT
Giáo viên hướng dẫn
: Đỗ Thanh Thủy
Sinh viên
: Ngô Đặng Đại Phong
Khoá
: QH2014. F1
Mssv
: 14041155
HÀ NỘI – 2018
i
ENGAGEMENT
J’atteste sur l’honneur que ce travail est original et a été réalisé par moimême sous la direction de ma tutrice, Mme DO Thanh Thuy et que tous les sources
d’information utilisées sont citées de manière complète et précise, y compris les
sources sur Internet.
NGO DANG Dai Phong
ii
DÉDICACE
À la mémoire de mon grand-père
iii
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier Mme le Professeur DO Thanh Thuy qui a
bien voulu diriger mon mémoire et qui m’a beaucoup aidé par ses précieux
conseils, par sa patience et par les documents qu’elle m’a suggérés et par le soutien
qu’elle m’a témoigné, sans lequel ce mémoire n’aurait pas vu le jour.
Ensuite, jexprime mes remerciements nos professeurs au Dộpartement de
franỗais de l’Université de Langues et d’Études internationales qui m’ont assisté au
cours de ces quatre années universitaires.
Ma reconnaissance va aux membres de ma famille qui m’ont soutenu
moralement pour que je puisse réaliser mon travail.
Mes remerciements enfin viennent à mes amis, en particulier NGUYEN My
Linh et Christ Mootoosamy pour leurs aides et conseils et leur précieux soutien.
iv
RÉSUMÉ
La présente recherche porte sur des mots d’emprunt du vietnamien au
franỗais au quotidien. Dabord, lộtude thộorique nous permet dexaminer la
dộfinition de l’emprunt, le contexte historique lié à l’assimilation des termes
empruntés au franỗais, ainsi que les adaptations de ceux-ci dans la langue
vietnamienne. Notre corpus se compose des enregistrements audio-visuel et sonore,
d’images reflétant l’usage des emprunts dans la vie courante. Après l’analyse du
corpus, nous constatons que des emprunts se sont adaptés dans le vocabulaire
vietnamien aux niveaux phono-morphologique, sémantique et syntaxique. Nous
sommes amenés, ensuite, à les classer selon les thèmes précis. L’interprétation des
résultats obtenus nous suggère à formuler des propositions au profit de
l’apprentissage/enseignement lexical du franỗais.
Mots-clộ : emprunts du vietnam au franỗais, usage actuel, adaptation
v
SOMMAIRE
ENGAGEMENT .............................................................................................. i
DÉDICACE..................................................................................................... iii
REMERCIEMENTS ....................................................................................... iv
RÉSUMÉ .......................................................................................................... v
SOMMAIRE ................................................................................................... vi
INTRODUCTION ........................................................................................ viii
1. Raison du choix du sujet ....................................................................... viii
2. Questions de recherche ............................................................................ ix
3. Objectif de la recherche .......................................................................... ix
4. Plan du mémoire ...................................................................................... ix
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ........................................................ 1
1.1. Notion d’emprunt .................................................................................. 1
1.1.1. Définition ............................................................................................. 1
1.1.2. Quel rôle jouent les emprunts ? ........................................................ 2
1.2. Pourquoi l’emprunt ? ............................................................................ 3
1.2.1. Du contexte historique et socio-culturel… ....................................... 3
1.2.2. …à l’emprunt linguistique. ................................................................ 3
1.3. Comment les mots sont-ils empruntés ? .............................................. 4
1.3.1. Adaptation phonologique et morphologique ................................... 4
1.3.1.1. Les mots polysyllabiques................................................................. 4
1.3.1.2. Les mots monosyllabiques .............................................................. 6
1.3.2. Adaptation sémantique ...................................................................... 7
1.3.3. Adaptation syntaxique ....................................................................... 8
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE ........................ 11
2.1. Recueil du corpus ................................................................................. 11
2.2. Méthode d’analyse ............................................................................... 15
vi
2.3. Transcription des enregistrements audiovisuels et sonores. ........... 15
CHAPITRE III: INTERPRÉTATION DE RÉSULTAT .......................... 17
3.1. Intégration des emprunts au sein de la langue vietnamienne ......... 17
3.1.1. Adaptation phono-morphologique.................................................. 17
3.1.1.1. Les mots polysyllabiques............................................................... 17
3.1.1.2. Les mots consonantiques : ............................................................ 20
3.1.1.3. Les mots monosyllabiques ............................................................ 23
3.1.1.4. Attribution d’un ton à une syllabe ............................................... 25
3.1.2. Adaptation sémantique .................................................................... 26
3.1.2.1. Mot monosémique ......................................................................... 27
3.1.2.2. Mot polysémique............................................................................ 27
3.1.3. Adaptation syntaxique ..................................................................... 28
3.2. Répartition des emprunts dans les domaines de la vie actuelle au
Vietnam .......................................................................................................... 30
3.2.1. La nourriture .................................................................................... 30
3.2.2. La mode ............................................................................................. 31
3.2.3. La mécanique et la technique ............................................................. 33
CONCLUSION .............................................................................................. 34
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................ 35
ANNEXE 1 ..................................................................................................... 37
ANNEXE 2 : ................................................................................................... 39
ANNEXE 3 ..................................................................................................... 41
ANNEXE 4 ..................................................................................................... 42
ANNEXE 5 ..................................................................................................... 43
vii
INTRODUCTION
1. Raison du choix du sujet
Au fil de l’histoire humaine, aucune langue ne peut assurer parfaitement son
rôle dans tout son processus de formation et d’évolution. A côté de la grammaire et
de la phonétique qui s’épanouissent, et ce dans le but de répondre aux besoins de
s’exprimer, de se faire mieux comprendre, de s’adapter à des cultures différentes à
l’ère de la mondialisation, le vocabulaire d’une langue doit en permanence se mettre
à jour et conséquemment, de nouveaux champs lexicaux apparaissent. Une des
manières les plus populaires de cette formation et de cette évolution est
« l’emprunt ». Nous constatons ainsi que les langues dont l’utilisation est rộpandue
partout dans le monde, tel que langlais, le franỗais, le russe, entre autres, se fondent
sur d’autres langues pour créer et parfaire leurs propres vocabulaires et champs
lexicaux. Les mots empruntés dans d’autres langues reflètent nettement les
changements, les adaptations et les améliorations de la vie quotidienne, que ce soit
dans les domaines économique, social ou culturel.
La langue vietnamienne n’est pas un cas exceptionnel. À l’ère de la
mondialisation et tandis que certains termes sont tombés en oubli, en raison
d’événements et de concepts qui existaient et qui, aujourd’hui ne sont plus
d’actualité, de nouveaux mots vietnamiens sont apparus. Le vocabulaire vietnamien
s’est enrichi en recevant des nouveaux mots. Ce développement s’est fait en
empruntant les éléments des trois langues avec lesquelles le vietnamien a été
directement en contact au cours de plusieurs années de son histoire, notamment le
chinois, le franỗais et langlais.
En tant quộtudiant de franỗais, nous sommes toujours curieux des emprunts
franỗais dans le vocabulaire vietnamien. En effet, nous avons effectué une recherche
scientifique sur des mots d’emprunt en nous basant sur un corpus écrit une œuvre
littéraire intitulée «Tuyển tập truyện ngắn Nguyễn Công Hoan » lors de la
troisième année universitaire. Dans le cadre de cette recherche, nous souhaitons
viii
approfondir ce sujet tout en découvrant l’usage des mots d’emprunt franỗais dans la
vie quotidienne.
2. Questions de recherche
Sous la domination chinoise et la colonisation franỗaise, nous nous sommes
retrouvộs face lapparition de nouveaux concepts (notamment scientifique et
technique), objets, marchandises… pour désigner de nouvelles réalités de la vie qui
manquaient dans le vocabulaire vietnamien. Ces nouveaux mots sont apparus et ont
été intégrés dans la langue vietnamienne. Nous nous sommes donc posé la question
de recherche suivante :
ôComment sintốgrent- ils des mots demprunt
franỗais la langue
vietnamienne au sein de la vie quotidienne? »
3. Objectif de la recherche
Il s’agit d’une recherche descriptive. Nous essayons de décrire la prộsence
des mots demprunt franỗais dans lusage actuel de la langue vietnamienne. Nous
espérons que ce travail contribuera à l’avancement des connaissances pour
lapprentissage du franỗais, des ộtudiants, notamment pour l'enrichissement du
bagage lexical.
4. Plan du mémoire
Nous avons divisé notre recherche en trois parties principales. Dans le
premier chapitre, nous allons traiter de la définition de l’emprunt. Puis, le deuxième
chapitre sert à approfondir la méthodologie de la recherche. Enfin, le troisième
chapitre sera consacré à l’analyse du corpus et l’interprétation des de résultats.
ix
CHAPITRE I : CADRE THẫORIQUE
1.1.
Notion demprunt
1.1.1. Dộfinition
Avant
toute
chose,
il
paraợt
primordial
de
dộfinir
le
terme
ô emprunt ằ.Rappelons les différentes définitions que les linguistes ont proposées à
travers leurs divers écrits.
D’après Christiane Loubier (2011 :10), le terme « emprunt » désigne à la fois
le procédé, c’est-à-dire l’acte d’emprunter, et l’élément emprunté. Elle a ainsi
proposé deux définitions suivantes :
▪ « Procédé »
par
lequel
les
utilisateurs
d’une
langue
adoptent
intégralement, ou partiellement, une unité ou un trait linguistique (lexical,
sémantique, phonologique, syntaxique) d’une autre langue.»
▪ « Unité linguistique » ou « trait linguistique » d’une langue qui est
emprunté intégralement ou partiellement à une autre langue.»
Une autre définition considérée stricte de l’emprunt, est donnée par le
Dictionnaire de Linguistique, édité sous la direction de Jean Dubois : « Il y a
emprunt linguistique quand un parler A utilisé finit par intégrer une unité ou un
trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et
que A ne possédait pas. L’unité et/ou le trait emprunté est eux-mêmes appelés
emprunts. »
Selon Eole (2003 :3 ), un emprunt est « un mot ou une expression qu’un
locuteur ou une communauté emprunte à une autre langue, sans le traduire, mais
en l’adaptant généralement aux règles morphosyntaxiques, phonétiques et
prosodiques de sa langue » (dite «langue d’accueil»). Le terme emprunt est
d’ailleurs discutable dans la mesure où il n’y a jamais ni contrat ni dette et dans la
mesure où les mots n’ont pas à être rendus.
1
1.1.2.
Quel rôle jouent les emprunts ?
Tel que précédemment cité à l’introduction, les emprunts représentent une
place indéniable au sein d’une langue. Ils enrichissent une langue car cette dernière
ne peut pas elle-même répondre à tous les besoins d’échange et de communication
de ses utilisateurs. Le vietnamien est un exemple parfait pour comprendre les
présents dires. Selon Nguyen Duc Dan et Nguyen Quang Tuan (1992), il existe
1935 mots utilisés au Vietnam qui ont une origine franỗaise et lheure actuelle, ce
chiffre a sans aucun doute progressộ. En cụtoyant dautres cultures et notamment la
culture franỗaise pendant la colonisation, les vietnamiens ont emprunté des mots qui
ont une origine franỗaise pour dộsigner des notions ộtrangốres ; notions qui
nexistaient pas dans la langue vietnamienne dorigine avant larrivộe des Franỗais.
Cependant, il convient de noter que la prononciation et le caractère de la plupart de
ces mots ont été changés au fil du temps pour pouvoir être conformes et s’intégrer à
la langue vietnamienne. Avec l’évolution de la langue vietnamienne et l’utilisation
par les Vietnamiens des techniques et moyens provenant de l’étranger, les mots
empruntés ont pris une place prépondérante dans le langage courant et permettent
d’exprimer et de concevoir des définitions nouvelles dans notre société
contemporaine en accord avec la mondialisation et l’interculturalité. Les exemples
suivants confirment l’adaptation de ces nouveaux termes dans la langue
vietnamienne.
Nourriture : bière – bia, cacao – ca cao, café – cà phê, jambon – giăm bông,
vin – vang, etc.
Mode : chemise – sơ mi, gilet – gi lê, veston – vét tông, slip – xi líp, maillot
– may ơ, etc.
Musique : guitare – ghi ta, violon – vi ô lông, etc.
Autres : savon – xà phòng, essence – xăng, gare – nhà ga, gaz – khí ga, etc.
2
1.2.
Pourquoi l’emprunt ?
1.2.1. Du contexte historique et socio-culturel…
La République Socialiste du Vietnam, avec plus de 90 millions d’habitants,
s’étend sur une superficie de 329 mille kilomètres carrés, du Nord au Sud, formant
une forme en « S ». La langue officielle est le vietnamien et les dialectes diffèrent
de l’endroit où nous nous trouvons sur le territoire. En quatre mille ans d’histoire et
malgré des hauts et des bas et notamment les 1000 ans de domination chinoise, plus
de 80 ans de colonisation franỗaise et les pressions historico-géographiques, la
langue vietnamienne reste aujourd’hui encore une langue unie qui est utilisée
comme outil de communication dans la grande communauté vietnamienne. Le
vietnamien demeure un élément indispensable dans l’identité singulière, spécifique
et culturelle de notre pays et elle demeure un facteur d’assimilation. Tous les
envahisseurs ont l’ambition d’imposer une institution politique au pays envahi et
cette ambition passe également par des politiques linguistiques.
Par contre, les dynasties féodales du Vietnam ont également utilisé des
caractères « chinois » dans les documents administratifs nationaux tout au long de
son existence. Puis, quand des occidentaux sont arrivés au Vietnam (les
missionnaires religieux et les colonialistes franỗais), le ô Quc ngữ », l’écriture
nationale du Vietnam, est apparue et ceci a marqué un changement significatif dans
le processus de développement de notre langue. Le vietnamien, le franỗais et le
chinois ont alors coexistộ mais cộtait une sorte de "trilinguisme" inộgale ". Le
franỗais ont progressivement pris le rôle principal.
1.2.2. …à l’emprunt linguistique.
Depuis la colonisation de la France au Vietnam à la fin du XIXᵉ siốcle, le
franỗais a progressivement remplacộ la position du lettrộ confucộen et cette langue
fut considérée comme la langue officielle dans l’éducation, l’administration et la
diplomatie de l’époque. L’écriture nationale, créée par quelques missionnaires
européens (en particulier 2 religieux portugais Gaspar do Amaral et Antonio
Barbosa), influenỗait de nouveaux mots ou de nouvelles expressions de langues
ộtrangốres (surtout le franỗais) et cela avait pour but lutilisation l’alphabet latin
3
pour transcrire la langue vietnamienne. Et le journal « Gia Dinh báo » était le
premier journal qui a été publié en vietnamien – la langue écrite nationale – en
1865. C’est cela qui a affirmé que cette langue était devenue la langue officielle du
Vietnam.
Durant la colonisation de la France au Vietnam, la langue franỗaise
prenait de lampleur et a grandement influencộ la langue vietnamienne. Ceci est
confirmộ par lapparition frộquente des vocables franỗais dans notre langue
nationale. Cet impact existe en raison de l’utilisation du franỗais dans des
documents, des dossiers administratifs de lẫtat et dans l’éducation à l’école, aussi
dans des journaux, des affiches, etc. Cette utilisation emmốne ộgalement
lapparition de nombreux mots lorigine franỗaise dans des domaines différents
comme les sciences-techniques, la médecine, la politique, entre autres.
1.3.
Comment les mots sont-ils empruntés ?
1.3.1. Adaptation phonologique et morphologique
Compte tenu de grandes diffộrences entre le franỗais, qui est une langue
polysyllabique et sans ton, et le vietnamien, qui est une langue monosyllabique et
ton, les mots empruntộs au franỗais ont donc dû subir certaines modifications pour
pouvoir être intégrés dans la langue vietnamienne. Ce sont quelques modifications
phonétiques et morphologiques que nous pouvons trouver facilement dans l’usage
des emprunts à la vie quotidienne.
1.3.1.1. Les mots polysyllabiques
Généralement, les emprunts doivent s’adapter aux règles phonétiques
vietnamiennes. Au début, les sons sont imités avec un minimum de ressemblance
puis ils sont transcrits et modifiés. Certains mots polysyllabiques perdent une ou
plusieurs syllabes pour devenir des mots monosyllabiques. Prenons l’exemple
suivant:
▪ L’essence → xăng
/esɑ̃s/
/săŋ/
4
Dans l’exemple précédent, nous trouvons la dernière syllabe du mot est
maintenu. Et puis, ces emprunts sont également retranscrits en plusieurs syllabes
séparées ou liées par un trait d’union :
▪ La calorie → ca-lô-ri
▪ Oxygène→ ô- xy
▪ Moteur→ mô-tơ
▪ Fermeture → phéc- mơ-tuya
Ensuite, Les voyelles nasales sont aussi dénasalisées :
▪ [ɔ̃]: savon → xà phịng
/savɔ̃/
/safɔŋ/
guidon → ghi đơng
/ɡidɔ̃/
/ɣiđoŋ/
tondeuse → tơng đơ
/ tɔ̃døz/
/toŋđɤ/
▪ [ɑ̃] Sandales -> xăng đan
/sɑ̃ dal/
/săŋđan/
Tension -> tăng xông
/tɑ̃ sjɔ̃/
/tăŋsoŋ/
Nous constatons que les Vietnamiens n’ont pas l’habitude de prononcer les
voyelles nasales. En empruntant ces mots la langue franỗaise, la prononciation a
été simplifiée en fonction de celle des Vietnamiens. Ils sont ainsi dénasalisés. Les
syllabes se voient attribuer un ton qui peut varier d’une région à l’autre.
Ex: crème → kem (au Nord du pays) par rapport à cà-rem (au Sud du pays),
/kʁɛm/
/kεm/
/kaʐεm/
Les consonnes finales disparaissent.
Il est ici important de rappeler que seules six consonnes vietnamiennes à
savoir [p], [t], [k], [m], [n], [ŋ] parmi une vingtaine, peuvent se trouver en position
finale, tandis que les consonnes franỗaises peuvent se situer en position finale.
Ainsi, les consonnes finales de nombreux mots empruntés sont absentes dans la
langue vietnamienne.
5
▪ [r]: phare → đèn pha
/faʁ/
/đεnfa/
gare → ga
/ɡaʁ/
/ɣa/
▪ [d] mode → mốt
/mɔd/
/mot/
▪ [z] tondeuse → tông đơ
/ tɔ̃døz/
/toŋđɤ/
D’autres consonnes sont remplacées par des consonnes vietnamiennes
considérées comme plus proches et plus convenables:
[l]-> [n] Sandales → xăng đan
/sɑ̃ dal/
/săŋđan/
Ce sont des adaptations des consonnes qui n’existent pas en
vietnamien. Cependant, il faut également noter que même les consonnes que nous
croyions identiques aux consonnes vietnamiennes [p],[m],[n],[t] ne se prononcent
pas de la même manière. Ceci sexplique par le fait que les consonnes franỗaises
sont explosives, tandis que celles du vietnamien sont implosives (absence totale de
la phase dexplosion. Nous pouvons ainsi trouver que les consonnes finales
franỗaises qui sont entrées dans la langue vietnamienne et qui sont devenues
implosives.
1.3.1.2. Les mots monosyllabiques
Nous pouvons constater que le vietnamien est une langue isolante. En effet,
bon nombre de mots vietnamiens sont composés de monosyllabes. En utilisant les
emprunts, les Vietnamiens ne gardent généralement qu’une syllabe essentielle.
▪ Ex : La bière -> bia
6
/bjɛr/
/bie/
1.3.2. Adaptation sémantique
Les emprunts sémantiques concernent la reconstruction des termes avec les
« matériaux » provenant de la langue emprunteuse. Il s’agit tout simplement d’une
traduction ou d’une construction issue des éléments de la langue étrangère.
Il est opportunité de citer ici la remarque d’Aurélien Sauvageot sur
l’installation des termes étrangers dans la langue: « un emprunt ne se maintient
dans la langue que s’il est indispensable, et que, dans ce cas s’assimile si
complètement à ce qu’on est convenu d’appeler le « génie de la 11 » qu’il devient
partie intégrante du lexique national ». Il est vrai que cette définition est valable
non seulement pour la langue franỗaise, mais ộgalement pour toutes les langues en
gộnộral. Il convient de revenir ici à l’exemple vietnamien afin de faire un lien avec
la prộcộdente dộfinition. La prộsence franỗaise au Vietnam de 1858 jusqu’au milieu
du XXe siècle a laissé de nombreux mots dans la langue vietnamienne. A cette
époque, de nouveaux termes sont apparus : nouvelles techniques, nouveaux
aliments, nouvelles boissons. Tous ces éléments n’étaient pas présents dans la vie
quotidienne des Vietnamiens de l’époque. Pourtant , à l’heure actuelle ces mots sont
plus que jamais devenus familiers ; ces mots relèvent, entre autres, du domaine
technique ou du transport: guidon (ghi-đông), garde boue (gác-đờ-bu), frein
(phanh), clé (cờ-lê), tournevis (tuốc-nơ-vít), vis (vít), boulon (bu-lơng), gare (ga),
etc. ou les objets de la vie quotidienne et la nourriture: savon (xà phịng ou xà
bơng), seau (xơ), pain de mie (bánh mì), pâté (pa-tê ou ba-tê), chou rave (su hào),
chou-fleur (súp lơ), carotte (cà rốt), etc.
En opposition aux mots ci-dessus qui ont su affirmer leurs présences dans la
langue vietnamienne en raison de leurs applicabilités, il y a d’autres termes qui ne
sont plus utilisés ou qui sont en voie de disparition. Les cas particuliers de certains
mots comme « dame » (đầm), « gendarme » (sen đầm), « commissaire » (cẩm) sont
des exemples flagrants. De nos jours, ces mots n’existent plus dans le vocabulaire
courant vietnamien et ne sont compris que par une minorité des personnes âgées qui
ont vécu à l’époque de la colonisation franỗaise. Il existe ộgalement quelques
7
emprunts utilisés en même temps que leurs équivalents en vietnamien et qui sont
aussi répandus que ces derniers. Tels sont les cas de « ma nơ canh » et « người
mẫu », « khăn mùi soa » et « khăn tay », « mốt » et « thời trang » etc.
1.3.3. Adaptation syntaxique
Du cụtộ syntaxique, nous constatons que les Franỗais ont tendance à utiliser
les noms plutôt que les verbes pour former une phrase. Cela se manifeste
considérablement dans la vie quotidienne avec des phrases comme « Bienvenue », «
Bonjour », « Merci », « Pardon », « Bon anniversaire », « Bonne année », « Bonne
santé », « Bonne chance », etc. Ces mots servent fréquemment à la communication
dans la société contemporaine franỗaise. Cependant, ce nest pas le cas en
vietnamien. Au Vietnam, le verbe est privilégié au nom pour la construction des
phrases. En effet, pour exprimer la même signification du mot « merci », en
vietnamien nous disons « tơi cảm ơn, cháu cảm ơn bà, cháu cảm ơn cô, em cảm ơn,
etc. ». Pour dire « bonjour », nous disons « cháu chào bà, con chào bố mẹ, cháu
chào bác ». Nous utilisons ainsi des phrases complètes comprenant au moins d’un
sujet et un verbe. Or, lộpoque coloniale franỗaise et mờme l’heure actuelle avec
la mondialisation, nous, les Vietnamiens, communiquons avec des francophones en
nous adaptant à leurs manières de s’exprimer. Nous traduisons quasiment les
phrases du franỗais, telles que ô cho mng n với », «xin cảm ơn », « xin lỗi »,
« chúc mừng năm mới », « chúc sức khỏe », « chúc may mắn », etc.
Additionnellement, la voix active et passive constituent un autre morceau
syntaxique empruntộ du franỗais. La voix passive est considérée comme un des
8
caractộristiques particuliốres du franỗais et de la langue romaine. Lors des cours au
collège, au lycée et même à l’université, les professeurs ont toujours insisté sur le
fait qu’il fallait bien la maitriser car les Franỗais ont lhabitude dutiliser cette
structure pour construire des phrases. En effet, les phrases telles que « cette maison
a été construite en… », « le monument est situé à... », « ce livre est traduit dans une
cinquantaine pays… », se présentent dans beaucoup de conversations, dans la
littérature, dans la musique franỗaise, etc. Contrairement au franỗais, le vietnamien
ne favorise pas les phrases passives. En particulier, certains linguistes estiment qu’il
n’existe pas la voix passive en vietnamien originel car les verbes ne sont pas
conjugués et modifiés mais ils restent unis pour tous les pronoms personnels.
Cependant, selon Đinh Hong Van (2006), il s’agit de huit structures exprimant la
voix passive en vietnamien :
1. N2 + được +
V
2. N2 + được + N1 + V
3. N2 + bị
+
V
4. N2 + bị
+ N1 + V
5. N2 + được + V + bởi + N1
6. N2 + bị
+ V + bởi + N1
7. N2 + do
+ N1 + V
8. N2
+V
+ N1
dont N1, sujet de la phrase active, devient le complément d’agent de la
phrase passive.
N2 en tant que complément d’objet de la phrase active, devient le sujet de
celle passive.
La combinaison entre les mots « bị » « do » ou « được » et le verbe de la
phrase active (V) est considérée comme un signe de la phrase passive.
Nous avons trouvé la présence de « bởi », équivalence de la préposition
« par » ou « de » de la phrase passive en franỗais, (inh Hng Võn, 2006 : 19) dans
la 5è et 6è structure. Cela peut être une preuve de ladaptation syntaxique franỗaise
la langue vietnamienne.
9
En effet, à l’ère de la mondialisation et l’interculturalité, nous pouvons
aujourd’hui facilement trouver des phrases à la voix passive dans les journaux, à la
télévision ou encore à la radio.Il nous suffit de prendre quelques exemples des
articles journaux pour comprendre ces dires.
« Barca thời đỉnh cao của Pep hay thời ăn ba mùa 2014/15 khi được dẫn dắt
bởi HLV Luis Enrique cũng chẳng thể phá lời nguyền vô địch Champions League 2
năm liền – điều hiện chỉ có Real của Zidane là làm được (thậm chí cịn có thể 3
năm liên tiếp nâng cúp nếu sắp tới, họ thắng Liverpool) »
(Le club de Barcelone à l’époque glorieuse de Pep Guardiola ou en étant
dirigé par Luis Enrique, n’a pas pu prendre la trône de la Ligue des Champions en
deux saisons consécutives comme le Real Madrid de Zinedine Zidane (3 saisons
consécutives s’il aurait battu le Livepool pour le final)
« Sinh ra và lớn lên tại khu phố người Hoa ở Việt Nam trong thời kỳ văn hóa
Pháp cịn ảnh hưởng lớn, ơng bị mê hoặc bởi hình ảnh "De Gaulle (chính khách nổi
tiếng của Pháp), cà phê đen, bánh mì que và những giấc mơ về Paris"
(Né dans un quartier chinois au Vietnam lộpoque de forte influence de la
culture franỗaise, cet homme a été attiré par Charles de Gaulle, le café, le pain et des
rêves de Paris)
10
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
2.1.
Recueil du corpus
Dans le cadre de ce présent mémoire, nous mettons l’accent sur les emprunts
utilisés dans la vie courante des Vietnamiens et c’est la raison pour laquelle nous
avons recueilli un corpus en provenance des enregistrements audio-visuel et sonore
ainsi que des textes publicitaires sous forme d’image des panneaux, affiches, bâche
… dans une rue précise à Hanoi. Nous avons remarqué qu’il existe de nombreux
emprunts qui sont utilisés dans la communication quotidienne
▪ Dialogue dans une émission télévisée
Nous avons constaté qu’il existe à l’heure actuelle des notions mécaniques et
techniques vietnamiens issus de la langue franỗaise. Cela nous a poussộs à chercher
sur Internet des vidéos qui reprennent le thème lié aux emprunts. Nous avons tout
de suite pensé aux vélos car à l’époque coloniale, le vélo était un des moyens de
transport les plus populaires. Les résultats obtenus ont été déduits d’une interview à
la télévision.
Cette émission dont le sujet est « le secret de Créateur : vélos anciens »
portait sur la collection des vélos anciens et a été retransmise le 15 juillet 2016 sur
la chaine VTV3 ; chne thématique de télévision publique vietnamienne consacrée
aux divertissements et aux sports, appartenant à la compagnie nationale de
télévision « Vietnam Television ». Elle dure 36 minutes 52 secondes et réprésente la
conversation entre une journaliste/intervieweur et deux invités étant deux
collectionneurs de vélos anciens :
- M. VŨ Thành Công, Président du Club des Amoureux des Peugeot au
Vietnam.
- M. BÙI Xuân Mai, collectionneur des vélos anciens à Hanoi.
Et tous deux invités sont des amoureux de vélos anciens. Ils ont une très
grande connaissance des vélos à travers les époques. Ils sont également habitués à
utiliser les termes techniques et mécaniques liés à ce moyen de transport.
11
Au cours de cette conversation, l’intervieweur a posé aux invités les
questions sur la raison et les faỗons de faire et d’entretenir cette collection ainsi que
la préservation de vélos anciens qui font partie intégrale de la culture vietnamienne.
Nous avons pu constater que durant cette conversation, de nombreux emprunts ont
été utilisés pour aborder les notions principalement techniques.
▪ Conversation avec les marchandes au marché
Ce sont les trois vidéos où figurent des vendeuses au marché et dans la rue
que nous avons rencontrées. La première durant 1 minute 40, est réalisée dans un
bazar où se trouvent tous les aliments et les produits fondamentaux de la vie
quotidienne.
La deuxième s’est produite dans une boutique de vêtements avec 1 minute 48 de
durée.
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La dernière vidéo de 53 secondes a abordé l’achat des légumes au marché.
À l’initiative de leurs demandes, le prix des produits et leurs noms, étant les
mots empruntés, ont été relevés. Il est important de préciser que les personnes
filmées ont volontairement participé à la disposition de la caméra sans aucune
obligation. Elles n’ont subi également aucune pression et n’ont pas suivi des
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scénarios écrits préalablement. Elles ont simplement rappelé de manière naturelle
ces produits car elles ont l’habitude de s’en procurer et d’en utiliser dans leur vie
quotidienne.
▪ Le son venant d’un crieur
Nous pouvons facilement entendre ce son dans les rues en ville, en province
ou dans les villages montagneux. Au vietnam, les crieurs sont également des
travailleurs qui ramassent, achètent des objets usés afin de les revendre à des
quincailleries. Cet enregistrement de ce son authentique dure 33 secondes.
▪ La présence des mots d’emprunt dans la rue : panneaux, affiches,…
publicitaires
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Les panneaux, affiches,…jouent toujours le rôle indispensable pour les
magasins et boutiques et se présentent abondamment dans la vie quotidienne au
Vietnam. Nous avons constaté la présence des mots empruntés sur ces moyens de
publicité. Nous avons pris des photos de panneaux, affiches, dans une voie de la rue
Hoang Quoc Viet, située au district de Cau Giay, Hanoi pour chercher ces mots. La
longueur de cette rue est de 1,2 km. C’est la longueur moyenne des rues à Hanoi.
2.2.
Méthode d’analyse
Méthode d’annalyse qualitative
Nous tentons d’analyser le corpus en utilisant la méthode qualitative. Mais
que désigne-t-elle donc ?
L’analyse de données qualitatives se définit d’abord par son objet : le
chercheur tente de dégager le sens d’un texte, d’une entrevue, d’un corpus à l’aide
ou non d’outils informatisés (Paillé et Mucchielli, 2003 ; Deschenaux et Bourdon,
2005). Il s’agit d’un processus d’identification de thèmes, de construction
d’hypothèse (idée) et de clarification de liens (Tesch, 1990 ; Wanlin, 2007). Une
méthode qualitative s’efforce d’analyser comment un phénomène se produit et pour
quelle finalité (Mucchielli, 2007). Elle analyse aussi l’organisation globale du
phénomène et ses conséquences.
Méthode d’annalyse thématique
L’analyse thématique consiste à lire l’ensemble d’un corpus. Le corpus
représente l’ensemble des textes, documents…en identifiant les thèmes qu’il
contient.
Avec cette méthode, les emprunts recueillis dans le corpus sont répartis selon
les thèmes, les domaines concrets, tels que le domaine gastronomique et
alimentaire, la mode, technique. Cela a pour but de refléter des réalités exotiques
(franỗaises) dans la vie quotidienne des Vietnamiens ainsi que dans la langue
vietnamienne.
2.3.
Transcription des enregistrements audiovisuels et sonores.
Nous avons transcrit :
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