NNT : 2016SACLV048
THÈSE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ PARIS - SACLAY
PRÉPARÉE A
UNIVERSITÉ DE VERSAILLES SAINT QUENTIN-EN-YVELINES
Ecole doctorale "Sciences de l'Homme et de la Société" (ED SHS-578)
Spécialité de doctorat : Histoire, Histoire de l’art et Archéologie
Par
HOÀNG Văn Tuấn
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN INDOCHINE
(1902-1945)
Thèse préparée sous la direction du professeur Jean-Yves MOLLIER
soutenue le 5 septembre 2016
Composition du Jury:
M. Emmanuel POISSON, Professeur, Université Paris Diderot
M. Jean-Yves MOLLIER, Professeur, Université Versailles Saint
Quentin-en-Yvelines
M. Pierre BROCHEUX, Professeur émérite, Université Paris Diderot
M. Jean-Claude YON, Professeur, Université Versailles Saint Quentinen-Yvelines
M. Van Thao TRINH, Professeur émérite, Université Aix-Marseille
M. Jacques CANTIER, Professeur, Université Jean Jaurès de Toulouse
Président du Jury
Directeur
Rapporteur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Remerciements
Je tiens, en tout premier lieu, à exprimer ma profonde gratitude à mon directeur
de thèse, professeur Jean-Yves MOLLIER, pour la direction consciencieuse qu’il m’a
consacré. Il a accompagné mes lectures, les étapes de la rédaction en faisant preuve
d’une exigence sans laquelle la bienveillance n’est qu’une forme d’indifférence. Ses
conseils, ses critiques stimulantes et ses encouragements ne m’ont jamais fait défaut.
Je tiens à exprimer mes remerciements sincères et ma profonde reconnaissance
aux professeurs Pierre BROCHEUX et TRINH Van Thao de leur lecture, leurs
conseils, leurs remarques qui ont éclairé ma rédaction et d’avoir accepté de participer
à mon jury.
Je remercie infiniment Messieurs Jean-Claude YON, Emmanuel POISSON et
Jacques CANTIER d’avoir accepté de faire parties du jury.
Je remercie Madame NGUYÊN Thi Phuong Ngoc et monsieur Gilles de Gantès
m’ont fait des connaissances sur les fonds d’archives concernant mon sujet au centre
des archives Aix-en-Provence (ANOM).
Je tiens à exprimer mes remerciements madame Nadia Granier qui m’a aidé à
relire toute la thèse et m’a donné des conseils.
Cette thèse a été financée par le Gouvernement du Vietnam. Je tiens à remercier
le Gouvernement du Vietnam, le ministère de l’Education et de la Formation du
Vietnam et tous les membres du projet 322.
Enfin, je tiens à exprimer mes profonds remerciements à ma famille : mes
parents, mes sœurs, mes frères, mon épouse et aussi ma petite fille pour leur amour et
leur confiance en mes choix.
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 7
Partie 1 : LA PREMIERE ETAPE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR EN INDOCHINE
(1902 – 1917) .............................................................................................................................................. 21
Chapitre 1 : L’enseignement traditionnel et l’installation de l’enseignement français en Indochine ...... 22
Chapitre 2 : Les changements en Extrême-Orient et les demandes des Indochinois en matière
d’enseignement supérieur ..................................................................................................................... 52
Chapitre 3 : L’Ecole de Médecine de Hanoi, le premier établissement d’enseignement supérieur en
Indochine ............................................................................................................................................... 66
Chapitre 4 : L’Université indochinoise – Sa création et son fonctionnement (1906-1908) ..................... 90
Chapitre 5 : Quelques résultats de l’Ecole de Médecine et de l’enseignement supérieur, de 1908 à
1917...................................................................................................................................................... 118
Partie 2 : L’ORGANISATION ET LE DEVELOPPEMENT UN SYSTEME
D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR EN INDOCHINE (1918-1945) .................................................. 141
Chapitre 6 : La réorganisation l’enseignement supérieur en Indochine ................................................ 142
Chapitre 7 : L’organisation et le fonctionnement de l’Université indochinoise (1917-1930) ................ 177
Chapitre 8 : L’enseignement supérieur de l’Indochine des années 1930 – Deux tendances
contradictoires ..................................................................................................................................... 210
Chapitre 9 : Vers un enseignement supérieur véritable et complet
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................ 296
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIES...................................................................................................... 307
ANNEXES ................................................................................................................................................ 326
TABLES DES MATIERES .................................................................................................................... 358
2
Tableaux, figures, clichés
1) Tableaux
Tableau 1 : Nombre d’écoles françaises en Cochinchine en 1886 .................................... 35
Tableau 2 : Les progrès de l’enseignement primaire en Indochine de 1918 à 1921 ........ 45
Tableau 3 : Les écoles primaires franco-indigènes en Indochine (1918-1922) ..................... 45
Tableau 4 : L’enseignement primaire supérieur en Indochine (1922-1923) ..................... 46
Tableau 5 : Pourcentage d’élèves entre des cours au Vietnam, l’année 1924-1925 ......... 48
Tableau 6 :- Enseignement indigène et franco-indigène en Indochine ............................. 50
Tableau 7 : Le personnel de l’école de médecine de l’Indochine, pendant la première
année scolaire 1902-1903 .................................................................................................. 82
Tableau 8 : La solde, l’indemnité et le classement du Directeur et des professeurs à
l’Ecole de Médecine de Hanoi d’après l’arrêté du 25 octobre 1904 ................................. 82
Tableau 9 : Le programme des cours de l’Université Indochinoise, pour l’année scolaire
1907-1908 ........................................................................................................................ 100
Tableau 10 : Horaires des cours à l’Université Indochinoise, année scolaire 1907-1908 .... 102
Tableau 11 : Les diplômés à l’Ecole de Médecine de l’Indochine de 1907 à 1917 ........ 122
Tableau 12 : Le nombre d’élèves de l’Ecole de Médecine de Hanoi, en 1913 ............... 123
Tableau 13 : Les étudiants de l’Ecole de Droit, section de Hanoi .................................. 138
Tableau 14 : Les étudiants de l’Ecole de Droit, section de Saigon ................................ 138
Tableau 15 : L’investissement des Français en Indochine .............................................. 173
Tableau 16 : Le nombre de professeurs et de chargés de cours des diverses écoles
supérieures de l’Université Indochinoise......................................................................... 186
Tableau 17 : Nombre d’enseignants et d’étudiants à l’Université indochinoise ............. 187
Tableau 18 : Traitements du personnel enseignant des Facultés et Universités en France et
de l’Enseignement supérieur en Indochine ...................................................................... 189
Tableau 19 : Répartition hebdomadaire des cours dans l’enseignement secondaire francoindigène, selon le programme fut établit en 1918 et fut remanié par l’arrêté du 26
décembre 1924 ................................................................................................................. 192
Tableau 20 : Répartition hebdomadaire des cours dans l’enseignement secondaire francoindigène déterminée par l’arrêté du 15 juillet 1927 ......................................................... 192
Tableau 21 : Examens du 2e degré – Candidats admis (Tonkin) ..................................... 195
Tableau 22 : Le nombre maximum des élèves à admettre dans chacune des écoles de
l’Université indochinoise, pour année scolaire 1929-1930 ............................................. 198
3
Tableau 23 : Situation familiale des candidats qui s’inscrits à l’admission à l’Université
indochinoise, pour année scolaire 1927-1928 ................................................................. 199
Tableau 24 : Le nombre d’étudiants à l’université indochinoise de 1917 à 1930 ........... 202
Tableau 25 : Elèves diplômés des Ecoles supérieures en Indochine, jusqu’en 1925 ...... 203
Tableau 26 : Nombre d’élèves selon le pays d’origine, par école, à l’Université
indochinoise, année scolaire 1921-1922 .......................................................................... 206
Tableau 27 : Nombre d’étudiants de l’Université indochinoise ...................................... 227
Tableau 28 : Nombre d’élèves suivant les cours de l’Enseignement supérieur (année
scolaire 1938-1939) ......................................................................................................... 237
Tableau 29 : Indemnités journalières de mission des professeurs délégués ................... 251
Tableau 30 : Le personnel de l’Université indochinoise en 1944 ................................... 270
Tableau 31 : Variations et la répartition des étudiants par origine géographique de
l’université indochinoise, 1939 à 1944 ............................................................................ 277
Tableau 32 : L’effectif de l’Université indochinoise en 1944 ........................................ 284
2) Figures
Figure 1 : Parallélisme de l’enseignement traditionnel et de l’enseignement francoindigène en Annam-Tonkin ............................................................................................... 41
Figure 2 : Elèves admis à l’Université indochinoise en 1924 ........................................ 196
Figure 3 : Situation familiale des candidats qui s’inscrits à l’admission à l’Université
indochinoise, année scolaire 1927-1928 .......................................................................... 199
Figure 4 : Nombre d’étudiants à l’université indochinoise de 1917 à 1930 ................... 200
Figure 5 : Nombre d’élèves de l’Université indochinoise selon le pays d’origine, année
scolaire 1921-1922........................................................................................................... 206
Figure 6 : Nombre des écoles de village au Tonkin ....................................................... 220
Figure 7 : Nombre d’étudiants de l’Université indochinoise ......................................... 228
Figure 8 : Nombre d’élèves de l’Ecole supérieure de Pédagogie par rapport à la totalité
de l’Université indochinoise ............................................................................................ 230
Figure 9 : L’évolution numérique de la population estudiantine de l’Université d’Alger ... 232
Figure 10 : Le nombre d’étudiants dans les universités de la France ............................. 232
Figure 11 : Nombre d’étudiants dans les universités de l’Inde ...................................... 233
Figure 12 : Nombre d’élèves de l’Ecole supérieure de Droit par rapport à la totalité de
l’Université indochinoise ................................................................................................. 246
Figure 13 : Variations et la répartition des étudiants par origine géographique de
l’université indochinoise, 1939 à 1944 ............................................................................ 278
4
Figure 14 : Nombre d’étudiants français à l’Université indochinoise ............................ 280
Figure 15 : Nombre d’étudiants et d’étudiants de statut civil local inscrits à la Faculté de
Droit d’Alger ................................................................................................................... 282
Figure 16 : Université indochinoise ................................................................................ 282
Figure 17 : Répartition des étudiants par manière, année scolaire 1943-1944 ............... 284
3) Clichés
Cliché 1 : Une classe de caractères chinois ...................................................................... 25
Cliché 2 : Une classe de caractères chinois ...................................................................... 25
Cliché 3 : Les candidats entrant au camp de concours, 1912............................................ 29
Cliché 4 : Camp de concours Ha Nam, 1912 .................................................................... 30
Cliché 5 : Le concours Đính ............................................................................................. 30
Cliché 6 : Groupe de bonzillons à Luang Prabang, Laos .................................................. 33
Cliché 7 : Cường Để et Phan Bội Châu
Cliché 8 : Phan Châu Trinh ...................... 63
Cliché 9 : Le plan du village de Thái Hà où on installa l’Ecole de Médecine et l’Hôpital
indigène, en 1902 ............................................................................................................... 78
Cliché 10 : Arrêté du Gouverneur général de l’Indochine promulguant le Règlement
général de l’Enseignement supérieur en Indochine, le 25 décembre 1918 ..................... 166
Cliché 11 : Une Leçon de physique dans le grand amphithéâtre avec le tableau sur murs
de Victor Tardieu ............................................................................................................. 182
Cliché 12 : Le débat parlementaire au sujet du statut de l’école de droit de Hanoi, séance
de la Chambre des Députés du 13 juin 1930 ................................................................... 242
Cliché 13 : Inauguration de l’Ecole Supérieure de Droit de Hanoi, le 15 février 1932 . 244
Cliché 14 : Annales de l’Ecole de Médecine et de Pharmacie de Hanoi........................ 249
Cliché 15 : le Professeurs Ferrand Lemaittre et les Professeurs et les étudiants de l’Ecole
de Médecine de Hanoi, en 1934 ...................................................................................... 253
Cliché 16 : Cité universitaire - Plan de masse des bâtiments ......................................... 275
Cliché 17 : Un bâtiment de la Cité universitaire indochinoise ........................................ 276
5
Abréviation
ANV
Centre des Archives Nationales du Vietnam, N°1
GGI
Fonds du Gouvernement général de l’Indochine
RST
Fonds de la Résidence supérieure au Tonkin
ANV – MH
Centre des Archives Nationales du Vietnam – fonds Mairie de Hanoi
ANOM
Centre des Archives Nationales d’Outre-Mer
GGI
Fonds du Gouvernement général de l’Indochine
RST
Fonds de la Résidence supérieure au Tonkin
RST nf
Fonds de la Résidence supérieure au Tonkin, nouveaux fonds
ANP
Centre des Archives Nationales de France, site de Paris
NXB
Editions
JOF
Journal officiel de la République française
JOI
Journal officiel de l’Indochine
6
INTRODUCTION
1. Le choix du sujet
« Les talents sont le pivot du pays. Le pays est fort et prospère lorsque le pivot est
florissant, le pays est faible et humble lorsque le pivot est fragile. C’est la raison pour
laquelle tous les Rois clairvoyants s’intéressent toujours à former des intellectuels, à
choisir des talents et à cultiver le pivot du pays », écrit Thân Nhân Trung, dans les stèles
des docteurs du concours confucéen, en 1442.
Pendant l’époque coloniale, les autorités françaises elles-mêmes ont bien compris le
rôle de l’enseignement dans la société vietnamienne traditionnelle. Jean Decoux, dernier
Gouverneur général de l’Indochine française, précisait: « L’Indochine [et le Vietnam en
particulier] est le pays traditionnel des lettrés et des mandarins. Le savoir est une vertu et
un honneur. La fondation des écoles, la diffusion de l’enseignement, les problèmes de la
jeunesse y ont toujours revêtu le caractère d’une obligation de l’Etat, d’un devoir de la
famille, d’une nécessité sociale », discours prononcé par Jean Decoux, Gouverneur
général de l’Indochine dans la séance solennelle de rentrée de l’Université indochinoise,
année scolaire 1940-19411.
Depuis très longtemps, les dynasties vietnamiennes se sont intéressées à
l’enseignement, surtout à l’enseignement supérieur qui avait pour but de former les
élites du pays. Quant aux Français, des amiraux aux gouverneurs généraux civils, tous
reconnaissaient à coup sûr l’importance de l’organisation d’un système de l’enseignement
et de l’enseignement supérieur en particulier, dans un pays comme le Vietnam.
Parallèlement au système d’enseignement général organisé dans toute l’Union
indochinoise, l’administration coloniale a mis en place un enseignement supérieur destiné
à former des agents auxiliaires indigènes aux services généraux et professionnels dans la
colonie. Ces derniers constituaient aussi les noyaux, la base de la politique de
l’association, de la collaboration franco-indigène mise en application dans tout l’empire
colonial français après la Première Guerre mondiale. Malgré des limites en quantité et en
qualité, le système de l’enseignement supérieur installé par les Français en Indochine
répondait en partie aux exigences de la population locale et permettait aux Français
d’avoir des agents auxiliaires sur place. Ce système de l’enseignement était assez complet
1
Université indochinoise, Séance solennelle de rentrée de l’université année scolaire 1940-1941,
Imprimerie Trung Bac Tan Van, Hanoi, 1941, p. 19.
7
et rejoignait de plus en plus le modèle de la Métropole. Il représente également une des
plus importantes contributions, une œuvre des Français en Indochine pendant toute la
longue période de la colonisation.
En 2006, l’Université Nationale du Vietnam à Hanoi a organisé une grande fête à
l’occasion de la centième année de la création de l’Université indochinoise. Il faut
rappeler l’existence de discussions assez animées entre les chercheurs vietnamiens, au
début du XXe siècle, concernant la date de la création de l’Université indochinoise. La
plupart des chercheurs choisirent l’année 1906, celle où le Gouverneur général Paul Beau
a signé un décret portant sur la création d’une université à Hanoi. Cependant, quelques
autres chercheurs, dont Lê Văn Giạng, ancien vice-ministre du ministère de
l’Enseignement supérieur et professionnel du Vietnam ne sont pas d’accord sur cette date.
Selon ce dernier, l’Université indochinoise créée en 1906, n’était, en effet, que
le
changement du nom de l’Ecole de Médecine déjà fondée en 1902, en raison de la
« question politique »2. Après plusieurs débats, on a décidé finalement de choisir l’année
1906 comme la première année de l’Université Nationale du Vietnam 3 . Après la
reconnaissance du gouvernement Hồ Chì Minh de l’Université indochinoise et de ses
diplômes, cette cérémonie solennelle de 2006 a marqué la reconnaissance officielle de
l’Université indochinoise dans l’histoire universitaire au Vietnam. L’Université
indochinoise demeure l’une des rares institutions du colonialisme français reconnues au
Vietnam et en Indochine après la décolonisation française de ce territoire, avec les
Instituts Pasteur et Alexandre Yersin qui ont donné leur nom à plusieurs espaces publics,
et avec l’Ecole française d’Extrême-Orient qui continue aujourd’hui ses activités et est
reconnue pour ses contributions au développement des sciences humaines et sociales au
Vietnam. Ces trois grandes institutions représentent les trois domaines les plus influents
du pays : la médecine, les sciences et l’éducation.
2
Phạm Hồng Tung, « L’Université nationale de Hanoi a été fondée depuis cent ans ? Discussion avec
monsieur Lê Văn Giạng » Consulté le 5 mars 2016 ; Lan Huong, « L’Université
nationale
de
Hanoi
a
été
fondée
depuis
cent
ans ? »
/>
in/1000_nam_thang_long/87891/272%3B7841%3Bi-h7885%3Bc-qu7889%3Bc-gia-ha-n7897%3Bi-thanhl7853%3Bp-cach-273%3Bay-100-n259%3Bm. Consulté le 5 mars 2016.
3
ngày
Nguyễn Thị Việt Thanh, « Lãnh đạo đảng và chính phủ đồng ý ĐHQGHN tổ chức kỷ niệm 100 năm
thành
lập
Đại
học
Đông
Dương
–
tiền
thân
của
ĐHQGHN »,
consulté le 5 mars 2016.
8
Jusqu’au présent, il n’existait pas de recherches portant précisément et sérieusement
sur l’enseignement supérieur au Vietnam et l’ensemble de l’Indochine pendant la période
de la colonisation française. On peut trouver quelques recherches sur l’enseignement
pendant cette période, mais elles concernent l’enseignement général, sont basées sur des
données trop anciennes,
et elles n’utilisent pas beaucoup d’archives,… hormis les
recherches du professeur Trinh Van Thao. Pour diverses raisons, dont le problème de la
politique, ces recherches ont tendance à critiquer la politique de l’éducation de
l’administration coloniale, ou n’apprécient pas à leur juste valeur les résultats que les
Français avaient obtenus en Indochine dans le domaine de l’enseignement. Les
recherches au Vietnam sur l’enseignement pendant cette période affirment en général que
tous
les
gouvernements
français
en
Indochine
ont
réalisé
une
politique
«d’obscurantisme » en limitant les occasions d’aller à l’école aux enfants indigènes, que
le système de l’enseignement organisé en Indochine était trop petit, trop étroit et n’a
répondu qu’à une petite partie des exigences de l’enseignement du peuple4. Ces opinions
s’appuyaient sur la statistique disant qu’il y avait plus de 90% d’illettrés parmi des
Vietnamiens en 1945. A l’opposé, ces recherches elles-mêmes affirment aussi que les
personnes formées par l’enseignement français, surtout les diplômés de l’enseignement
supérieur, bien que peu nombreuses, ont joué un rôle très important et ont contribué au
développement du pays au cours de cette période et dans les années après l’indépendance.
Ces résultats soulignent l’affirmation de la qualité et de l’efficacité du système
d’enseignement installé par les Français en Indochine. Le rôle, la position de
l’enseignement supérieur et de l’Université indochinoise dans l’histoire générale et dans
l’histoire de l’éducation en Indochine se trouvent confirmés une fois encore par le
gouvernement Hồ Chí Minh qui a reconnu les diplômes et le programme des études de
cet enseignement, en organisant les examens de fin d’études et en délivrant les diplômes
aux étudiants de l’université indochinoise, juste après la Révolution d’août 1945. Grâce
aux élites vietnamiennes formées par l’enseignement français qui jouèrent un rôle
important dans l’administration après l’indépendance, l’enseignement français laissait
donc une influence notable (organisation, méthode d’enseignement, système de diplômes,
etc,…) dans le nouveau système d’enseignement du Vietnam.
4
Vũ Ngọc Khánh, Tìm hiểu nền giáo dục Việt Nam trước năm 1945, NXB Giáo dục, Hanoi, 1985 ; Bùi
Minh Hiền, Lịch sử giáo dục Việt Nam, NXB Đại học Sư phạm, Hanoi, 2008 ; Lê Văn Giạng, Lịch sử giản lược
hơn 1000 năm nền giáo dục Việt Nam, NXB Đại học Quốc gia Hà Nội, Hanoi, 2003.
9
2. Historiographie
Certains chercheurs, au Vietnam et à l’étranger, se sont intéressés à l’enseignement
en Indochine, mais le nombre de ces recherches est faible. En outre, la plupart d’entre
elles se concentrent sur les questions de l’enseignement général,
l’enseignement
supérieur n’étant abordé que comme une partie complémentaire du système de
l’enseignement général. Aucune recherche n’a eu pour objet principal l’enseignement
supérieur.
Nous pouvons citer quelques principaux ouvrages et études qui traitent de
l’enseignement en Indochine pendant la période coloniale:
Nguyễn Q. Thắng, l’auteur de « Khoa cử và giáo dục Viê ̣t Nam - các sự kiê ̣n giáo
dục Việt Nam
» (Les Concours et l’Enseignement au Vietnam - les événements de
l’enseignement au Vietnam) 5 , présente le système d’enseignement traditionnel au
Vietnam : la conception des Vietnamiens de l’étude, la naissance des écoles,
l’organisation et l’enseignement dans les écoles traditionnelles, l’histoire des concours
confucéens au Vietnam ; dans la deuxième partie de son ouvrage, l’auteur décrit
l’enseignement du Vietnam moderne et présente certaines écoles supérieures au Vietnam
avant 1945.
Le livre Giáo dục Việt Nam thời cận đại (L’enseignement au Vietnam dans
l’époque moderne) de Phan Trọng Báu6, est une recherche sérieuse et de qualité. Cette
recherche aborde précisément le système de l’enseignement au Vietnam pendant l’époque
coloniale. L’enseignement supérieur est évoqué, mais il n’est abordé que de façon
générale et dans une petite partie de ce livre. A côté des critiques assez incisives, son
auteur reconnaît aussi les efforts de l’administration française dans la réalisation, dans
l’application des politiques d’éducation au Vietnam ainsi que ses résultats. Les chapitres
troisième et quatrième abordent les réformes de l’enseignement en Indochine, de 1906 et
de 1917. L’auteur présente aussi, en annexe, des programmes d’enseignement : le
programme primaire franco-indigène (appliqué à partir de la réforme de 1906), le
programme secondaire franco-indigène (appliqué après la deuxième réforme de
5
Nguyễn Q. Thắng, Khoa cử và giáo dục Viê ̣t Nam - các sự kiê ̣n giáo dục Viê ̣t Nam (Les Concours et
l’Enseignement au Vietnam - les événements de l’enseignement au Viet Nam), NXB Văn hóa Thông tin, Ho Chi
Minh ville, 1994.
6
PhanTrọng Báu, Giáo dục Việt Nam thời cận đại (L’éducation au Vietnam pendant l’époque moderne),
NXB Giáo dục, Hanoi, 2006.
10
l’enseignement en 1917), le programme primaire dans les écoles minoritaires et le
programme de certaines écoles supérieures.
Lê Văn Giạng réserve son deuxième chapitre, qui compte 36 pages, dans son livre
Lịch sử giản lược hơn 1000 năm nền giáo dục Việt Nam (Une brève histoire plus de 1000
ans de l'éducation au Vietnam)7, à la présentation de l’enseignement au Vietnam pendant
l’époque coloniale (entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle). Après une
brève présentation de la politique de l’enseignement de l’Administration française et du
système d’enseignement franco-indigène, il apporte ses critiques à ce système. En dix
pages (pages 90 à 100), Lê Văn Giạng aborde brièvement l’enseignement supérieur : la
politique éducative des Français, la création des écoles supérieures et de l’université
indochinoise, le niveau de l’enseignement de ces établissements, etc, …
Tìm hiểu nền giáo dục Việt Nam trước năm 1945 (Recherche de l’éducation au
Vietnam avant l’année 1945)8, compte 254 pages divisées en sept chapitres, Vũ Ngọc
Khánh réserve trois chapitres (V, VI et VII) à présenter « quatre-vingts ans de lutte
contre la politique de l’éducation du colonialisme français ». Dans le cinquième chapitre
« la situation de l’enseignement au Vietnam sous l’autorité française », l’auteur critique
fortement l’organisation et les contenus éducatifs que l’Administration française réalisait
au Vietnam et en Indochine. D’après lui, les Français ne considéraient ce système
d’enseignement que comme un moyen pour détruire la culture traditionnelle et réaliser la
politique de « francisation » des Vietnamiens. L’enseignement supérieur pendant la
période coloniale n’est pas évoqué dans cet ouvrage.
Lịch sử giáo dục Việt Nam (L’histoire de l’éducation au Vietnam) de Bùi Minh
Hiền, a été publié par l’Edition l’Ecole Normale Supérieure de Hanoï en 2008 9. C’est un
manuel scolaire utilisé dans les écoles normales supérieures au Vietnam. Cependant,
l’enseignement pendant la période coloniale française n’est que peu abordé. Dans ce
manuel de plus de deux cents pages, il ne réserve que treize pages pour présenter la
politique éducative de l’Administration coloniale au Viet Nam et ses résultats, dont il
souligne les influences négatives de « francisation » et « d’obscurantisme ».
7
Lê Văn Giạng, Lịch sử giản lược hơn 1000 năm nền giáo dục Việt Nam (L’histoire de plus de 1000 ans
de l'éducation au Vietnam), NXB Đại học Quốc gia Hà Nội, Hanoi, 2003.
8
Vũ Ngọc Khánh, Tìm hiểu nền giáo dục Việt Nam trước năm 1945 (Recherche de l’éducation au Vietnam
avant l’année 1945), NXB Giáo dục, Hanoi, 1985.
9
Bùi Minh Hiền, Lịch sử giáo dục Việt Nam (L’histoire de l’éducation au Vietnam), NXB Đại học Sư
phạm, Hanoi, 2008.
11
Quant à l’enseignement supérieur, aucun ouvrage spécial n’a été publié. Cet
enseignement n’est abordé que dans les ouvrages sur l’enseignement général ou dans les
livres d’histoire intérieure des diverses écoles supérieures.
Parallèlement aux études des chercheurs vietnamiens, quelques études sur
l’enseignement au Vietnam et en Indochine, ont été réalisées à l’étranger. Parmi elles,
L’école française en Indochine de Trinh Van Thao 10 et Une colonisation éducatrice ?
L’expérience indochinoise (1860-1945) de Pascal Bezançon11 sont les plus importantes.
Dans son ouvrage, Trinh Van Thao aborde et critique plusieurs questions qui
concernent l’enseignement en Indochine et au Vietnam à l’époque coloniale : la politique
éducative des différents gouvernements français en Indochine ; l’introduction de
l’enseignement et de la culture française au Vietnam et leurs influences sur la vie
culturelle et à la société vietnamienne; les influences positives et négatives de ces
échanges culturels et éducatifs. A travers des sources multiformes et une méthode
rigoureuse, Trinh Van Thao a formulé des critiques vives et objectives sur la situation de
l’enseignement en Indochine pendant près d’un siècle sous la domination des Français.
Parallèlement, par la présentation d’un tableau panoramique sur l’enseignement en
Indochine de 1862 à 1945, son auteur, un sociologue et historien, a concentré ses
recherches à quelques événements, les points et les moments les plus importants. Les
analyses précises sur l’origine sociale et géographique, sur la carrière professionnelle du
corps d’enseignants du Supérieur en Indochine, etc,… sont très intéressantes et utiles. Ces
informations complètent un point de vue sur la position de l’enseignement en Indochine
dans celui de l’ensemble de l’empire français. Ses analyses nous montrent que les
professeurs français qui enseignaient en Indochine étaient qualifiés, compétents, et que
l’Indochine fut considérée comme une base pour les préparer à prendre un poste officiel
dans le système de l’enseignement en France. De toute façon, on peut dire que parmi les
recherches sur l’enseignement en Indochine à l’époque coloniale, celle de Trinh Van
Thao est la plus utile et la plus remarquable.
Pascal Bezançon, à travers des sources multiformes, les archives trouvent dans les
différents centres d’archives en France et au Vietnam, les rapports officiels sur
l’enseignement de la Direction de l’Instruction publique et du Gouvernement général de
10
11
Trinh Van Thao, L’école française en Indochine, Editions Karthala, Paris, 1995.
Pascal Bezançon, Une colonisation éducatrice ? L’expérience indochinoise (1860-1945),
L’Harmattan, Paris, 2002.
12
l’Indochine, etc…, présente l’enseignement en Indochine de 1860 à 1945. Les problèmes
de l’enseignement en Indochine pendant presque un siècle sont abordés de façon assez
complète : depuis les politiques de l’enseignement, les buts de l’administration coloniale,
le processus de pénétration de l’enseignement français en Indochine, le développement et
les difficultés de l’enseignement en Indochine, etc… jusqu’aux influences sur la culture
et la société coloniale. Dans cette recherche, Pascal Bezançon montre les difficultés
rencontrées et les efforts que les autorités françaises ont accomplis pour organiser un
système d’enseignement moderne, occidental dans sa colonie en Asie.
On peut ajouter ici une thèse de doctorat rédigée en France au début des années
1970 par Ma Thanh Cong, L'enseignement traditionnel et l'enseignement francoannamite de 1861 à 1930 12 . Cependant, cette thèse n’aborde schématiquement que
l’organisation de l’enseignement français au Vietnam. Elle n’aborde presque pas
l’enseignement supérieur, sauf quelques lignes sur les écoles de Médecine, de Pédagogie
et des Hautes études indochinoises.
Au cours des dernières années, les recherches sur l’enseignement à l’époque
coloniale française et l’enseignement français au Vietnam continuent à intéresser les
chercheurs, au Vietnam et à l’étranger. Ces recherches, au travers de l’exploitation de
sources abondantes et crédibles, surtout les dossiers d’archives et en formulant des
hypothèses modernes et plus démonstratives, ont apporté des estimations de plus en plus
objectives sur la politique de l’éducation que l’administration coloniale a mise en place
au Vietnam et sur ses résultats. En particulier,
nous pouvons citer deux thèses de
doctorat, l’une au Vietnam et l’autre en France. La première, est une thèse de doctorat
d’histoire rédigée par Trần Thị Phương Hoa - chercheuse de l’Institut de recherches de
l’Europe - Académie des Sciences sociales du Việt Nam - intitulée « Giáo dục Pháp Ŕ
Việt ở Bắc kỳ từ đầu thế kỉ XX đến 1945» (L’enseignement franco-vietnamien au Tonkin
du début du XXe siècle à 1945), soutenue en 201113. Cette thèse a été publiée ensuite en
2012 sous le titre Giáo dục Pháp Ŕ Việt ở Bắc kỳ (1884-1945) (L’enseignement francovietnamien au Tonkin (1884-1945))
12
14
. Cette recherche aborde systématiquement
Ma Thanh Cong, L'enseignement traditionnel et l'enseignement franco-annamite de 1861 à 1930,
Thèse de doctorat de 3e cycle, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1973.
13
Trần Thị Phương Hoa, Giáo dục Pháp - Việt ở Bắc kỳ từ đầu thế kỷ XX đến 1945 (L’enseignement
franco-vietnamien au Tonkin du début du XXe siècle à 1945), Thèse d’histoire, Académie des Sciences sociales
du Vietnam, Institut des Sciences sociales, Hanoi, 2011.
14
Trần Thị Phương Hoa, Giáo dục Pháp - Việt ở Bắc kỳ (1884-1945), NXB Khoa học xã hội, Hanoi,
2012.
13
l’enseignement dit franco-vietnamien au Nord du Vietnam (Tonkin) à partir de 1884,
année où la Cour de Huế signa le Traité entérinant le protectorat français au Tonkin. Point
important, dans cette recherche, son auteur a surmonté les obstacles en abandonnant les
critiques « traditionnelles » et « habituelles », et en reconnaissant les résultats que les
Français avaient obtenus en Indochine dans le domaine de l’éducation. La deuxième est
une thèse de doctorat de Sciences de l’éducation, rédigée par Nguyễn Thụy Phương,
intitulée « L’école française au Vietnam de 1945 à 1975. De la mission civilisatrice à la
diplomatie culturelle », soutenue à l’Université Paris Descartes en 201315. Nguyễn Thụy
Phương a consacré un chapitre (chapitre 1 : L’enseignement au Vietnam sous la
colonisation) près de cent pages (de la page 37 à la page 124) sur les sept cents pages de
sa thèse à la présentation de l’enseignement français au Vietnam pendant la période
coloniale, dont l’enseignement supérieur.
En outre, plusieurs articles concernant ce sujet ont été publiés dans les revues
spécialises au Vietnam et à l’étranger également. Parmi ces derniers, l’article de Pierre
Singaravelou16 est vraiment important. Dans son article, Pierre Singaravelou a fait des
connaissances fondamentales de la politique d’éducation de la France dans ses colonies et
de la situation général de l’enseignement et l’enseignement supérieur dans touses les
colonies françaises. Il a fait connaître profondément et systématiquement des recherches
principales sur l’enseignement et l’enseignement supérieur colonial jusqu’en 2009.
En résumé, malgré plusieurs recherches sur l’enseignement au Vietnam et en
Indochine, conduites par des chercheurs vietnamiens et étrangers, on ne trouve aucune
recherche consacrée spécifiquement à l’enseignement supérieur qui a joué un rôle très
important dans la formation des élites locales.
3. Les sources
3.1. Les archives
Les archives sont des sources très importantes et indispensables, en France comme
au Vietnam. En France, surtout dans le Centre des archives nationales d’outre-mer à Aixen-Provence (ANOM), il existe des centaines de dossiers concernant l’enseignement,
provenant des fonds du Gouvernement général de l’Indochine (anciens et nouveaux
15
Nguyễn Thụy Phương, L’école française au Vietnam de 1945 à 1975, thèse de doctorat de Sciences de
l’éducation, sous la direction de Rebecca Rogers, soutenue en septembre 2013, l’Université Paris Descartes.
16
Pierre Singaravelou, « « L’enseignement supérieur colonial ». Un état des lieux », Histoire de
l’éducation, N° 122 (2009), pp. 71-92.
14
fonds) et des fonds de la Résidence supérieure au Tonkin en particulier. Ces archives
présentent le tableau général de l’organisation et du fonctionnement du système de
l’enseignement et de l’enseignement supérieur en Indochine. Les documents, les décrets
ou arrêtés concernant l’installation des établissements éducatifs, le programme des
études, l’organisation des concours ou des examens des écoles supérieures, le recrutement
des élèves et des enseignants, la prévision du nombre des emplois qui peuvent être
attribués par les services aux diplômés de l’enseignement supérieur, etc,… sont très utiles
pour comprendre l’organisation et la formation de cet enseignement.
En parallèle, au centre des archives nationales d’outre-mer en France, le centre des
archives nationales du Vietnam, N°1 à Hanoi, conserve des archives de l’administration
coloniale jusqu’en 1945. Les archives sont organisées de la même manière qu’à l’ANOM
selon le classement dit Boudet 17 (Paul Boudet (1888 - 1948) – Directeur du service
d’archive et de bibliothèque de l’Indochine, de 1917 à 1947). Des dossiers d’archives du
centre à Hanoi sont le complément de ceux d’Aix-en-Provence. Les fonds du
Gouvernement général de l’Indochine et de la Résidence supérieure au Tonkin sont les
plus importants et les plus utiles. En outre, il existe une dizaine dossiers des fonds de la
mairie de Hanoi. Cependant, la consultation des archives au centre de Hanoi n’est
vraiment pas facile et elle nous demande beaucoup de temps.
Au centre des Archives nationales de France, site de Paris (à Pierrefitte-sur-Seine),
bien que le nombre de documents concernant cette recherche soit peu nombreux, environ
une cinquantaine de dossiers, les archives de ce centre sont vraiment utiles. Elles
concernent en effet les deux principales écoles supérieures en Indochine, l’Ecole de
Médecine et l’Ecole de Droit, pendant la période des années 1930 au début des années
1940. Elles comprennent les rapports d’inspection à l’Université indochinoise, à l’Ecole
de plein exercice de Médecine et de Pharmacie et l’Ecole supérieure de Droit, réalisées
par les professeurs délégués de l’Université de Paris (la Faculté de Médecine et la Faculté
de Droit). Ces documents montrent la progression et les problèmes de l’Université
indochinoise et ses membres, pendant plus d’une dizaine années.
17
Lê Thu Hằng, Transferts culturels et contrôle de l’imprimé pendant la colonisation française au Việt
Nam (1862-1945), Thèse de docteur en histoire, sous la direction du Jean-Yves MOLLIER, Université de
Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, soutenu en 2010, p. 27.
15
3.2. Les sources imprimées
Les sources imprimées comportent les rapports annuels du Conseil de
gouvernement, les annuaires de l’Indochine, les annuaires du service de l’enseignement
de l’Indochine, de l’Université indochinoise ou des écoles supérieures en Indochine, les
discours prononcés par les gouverneurs généraux, les résidents supérieurs ou les
représentants de la Direction de l’Instruction publique indochinois, etc,… Ces sources
donnent des informations sur la situation générale de l’enseignement, la politique de
l’enseignement et le corps d’enseignants en Supérieur (le moment où ils commencent leur
poste en Indochine, leur grade et leur salaire, etc,…). Ces informations aident à
comprendre la situation du système de l’enseignement, la quantité et la qualité des
enseignants. Elles montrent aussi les différences entre les enseignants européens et leurs
collègues indochinois.
3.3. Les travaux
Les recherches concernant l’enseignement au Vietnam, comportent celles des
chercheurs vietnamiens et étrangers, publiées au Vietnam et à l’étranger. La plupart des
recherches des Vietnamiens et publiées au Vietnam, concernent le système de
l’enseignement général, et l’enseignement supérieur n’y est abordé que comme une
partie annexe. Ces recherches présentent généralement la situation de l’enseignement au
Vietnam et en Indochine, et la politique éducative de l’administration française dans ses
colonies pendant cette période. Cependant, la plupart de ces auteurs ont tendance à
formuler des critiques négatives sur la politique coloniale en général et la politique de
l’éducation que les Français ont appliquée dans leurs colonies. Quant aux résultats
positifs, aux yeux de la majorité d’entre eux, ils ne résultent pas des souhaits des
colonisateurs.
Quelques recherches sur l’enseignement supérieur en France, dans les colonies
françaises, au Japon, en Chine, ou en Inde, etc,… sont utiles pour comprendre la situation
de l’enseignement supérieur en Indochine dans le contexte commun de la région et de
celui de l’empire français. Ces recherches aident à connaître la position de
l’enseignement supérieur en Indochine et ses liaisons avec celui de la France et de ses
voisins. Elles montrent aussi les similarités et les difficultés dans la politique coloniale
entre les grandes puissances européennes, entre les Français et les Anglais18.
18
Yuko Harayama, Le système Universitaire Japonais, Paris, Economica, Collection « Université », 2000 ;
Ruth Hayhoe, China'sUniversities 1895-1995. A century of cultural conflict, Garland Publishing, INC, Newyork and
16
Quant à l’enseignement en France, on peut citer les recherches d’Antoine Prost,
Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France. Tom IV, Histoire de
l’enseignement en France 1800-1967, et Du changement dans l’école. Les réformes de
l’éducation de 1936 à nos jours19; celles d’Antoine Léon et Pierre Roche20, de Jacques
Verger21 ou de Pierre Singaravélou22. Quant à la politique d’éducation de la France dans
ses colonies et l’enseignement dans les colonies françaises, il existe quelques recherches,
telles que : La mise en valeur des colonies françaises d’Albert Sarraut, Colonisation
enseignement et éducation d’Antoine Léon, Histoire de l’Université d’Alger de Jean
Mélia, Université d’Alger 1909-195923, etc,…
Les recherches sur l’histoire du Vietnam, histoire de la France et l’histoire coloniale,
comme : Nguyen Khac Vien, Viet Nam une longue histoire 24; Tạ Thị Thúy (Dir.), Histoire
du Vietnam, Tome 7 de 1897 à 1918, Tome 8 de 1918 à 1930, Tome 9 de 1930 à 194525;
Pierre Brocheux et Daniel Hémery, Indochine la colonisation ambiguë 1858-195426; Pierre
Brocheux, Histoire du Vietnam contemporain. La nation résiliente 27 ; Jean Decoux, A la
barre de l’Indochine. Histoire de mon Gouvernement Général (1940-1945)28.
London, 1996; Encyclopaedia of education system in India. 11 provincial autonomy to India’s independence 19341947, Edited by B.M. Sankhdher, Depp and deppe publications PVT.LTD, New Delhi, 1999.
19
Antoine Prost, Histoire de l’enseignement en France 1800 - 1967, Librairie Armand Colin, Paris,
1968 ; Antoine Prost, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, tome IV - L’Ecole et la
Famille dans une société en mutation (depuis 1930), Ed. Perrin, Paris, 2004 ; Antoine Prost, Du changement
dans l’école. Les réformes de l’éducation de 1936 à nos jours, Ed. Seuil, Paris, 2013.
20
Antoine Léon et Pierre Roche, Histoire de l’enseignement en France, 13e édition, 2012.
21
Jacques Verger (Sous la direction de), Histoire des universités en France, Bibliothèque historique
Pivat, 1986.
22
Pierre Singaravélou, Professer l’Empire Ŕ Les « sciences coloniales » en France sous la IIIe
République, Publication de la Sorbonne, Paris, 2011 ; Pierre Singaravélou, Les empires coloniaux. XIXe-XXe
siècle, Seuil, Points histoire, 2013.
23
Albert Sarraut, La mise en valeur des colonies françaises, Editions Payot&Cie, Paris, 1923 ; Antoine
Léon, Colonisation enseignement et éducation, Editions L’Harmattan, Paris, 1991 ; Jean Mélia, Histoire de
l’Université d’Alger, La maison des Livres, Alger, 1950 ; République Française, Université d’Alger 1909-1959.
24
Nguyên Khac Vien, Viet Nam une longue histoire, Editions The Gioi, Hanoi, 2001.
25
Tạ Thị Thúy (Dir.), Histoire du Vietnam, Tome 7 de 1897 à 1918, Ed. Khoa Hoc Xa Hoi, Hanoi,
2013 ; Tạ Thị Thúy (Dir.), Histoire du Vietnam, Tome 8 de 1918 à 1930, Ed. Khoa Hoc Xa Hoi, Hanoi, 2013 ;
Tạ Thị Thúy (Dir.), Histoire du Vietnam, Tome 9 de 1930 à 1945, Ed. Khoa Hoc Xa Hoi, Hanoi, 2014.
26
Pierre Brocheux et Daniel Hémery, Indochine la colonisation ambiguë 1858-1954, Editions La
Découverte & Syros, Paris, 2001.
27
Pierre Brocheux, Histoire du Vietnam contemporain. La nation résiliente, Editions Fayard, 2011.
28
Jean Decoux, A la barre de l’Indochine. Histoire de mon Gouvernement Général (1940-1945),
Editions Plon, Paris, 1949.
17
4. Problématique et plan
L’installation, l’organisation, la direction et le fonctionnement d’un nouveau
système d’enseignement dans une colonie comme l’Indochine ne pouvait être une affaire
facile et elle demandait une stratégie réfléchie. Alors, quelle était la politique de
l’éducation de l’administration française en Indochine ? Les Français avaient-ils une
stratégie éducative précise et unique ? Comment peut-on construire un nouveau système
d’enseignement dans un pays où un système d’enseignement traditionnel existait depuis
plusieurs siècles ? Comment peut-on mélanger harmonieusement les différents modèles
d’enseignement de l’Orient et de l’Occident ? Quelles étaient les meilleures méthodes
d’enseignement et quels étaient les domaines nécessaires que l’on puisse enseigner aux
indigènes dans les colonies ? Comment pouvait-on assurer à la fois de donner au peuple
colonisé des connaissances scientifiques tout en maintenant leur fidélité à la France ?,
etc… telles sont les questions auxquelles nous essayons de répondre au travers des deux
parties de la thèse. En répondant à ces questions, on peut avoir un point de vue plus
précis, en profondeur, sur tous les aspects de la politique et examiner les résultats que les
Français ont obtenus dans le domaine de l’enseignement en Indochine. Ces réponses nous
expliqueront pourquoi l’enseignement a été reconnu comme une des plus grandes œuvres,
une des plus importantes contributions des Français dans cette colonie lointaine, en Asie
de l’Est.
Le principal objet de cette thèse est d’examiner le système de l’enseignement
supérieur en Indochine pendant la période coloniale. Les études convergeront sur la
création, l’organisation et le fonctionnement du système de l’enseignement supérieur en
Indochine, de l’Université indochinoise et des écoles supérieures, du corps d’enseignants
et des étudiants de ce système. Quant à la limite du temps, cette étude commence en
1902, date où l’Ecole de Médecine – le premier établissement de l’enseignement
supérieur en Indochine – fut créée, et se termine en 1945, année où la fin de la
colonisation française. Cependant, ces limites seront étendues dans les premiers chapitres,
pour comprendre le système de l’enseignement traditionnel en Indochine et l’introduction
de l’enseignement français dans ce territoire, et dans le dernier chapitre, afin de présenter
les efforts du gouvernement Hồ Chí Minh pour réorganiser un nouveau système de
l’enseignement au Vietnam, après la fin de la colonisation française.
18
La thèse sera divisée en deux grandes parties : Partie 1 : La première étape de
l’enseignement supérieur en Indochine (1902-1917) ; Partie 2 : L’organisation et le
développement d’un système d’enseignement supérieur en Indochine (1918-1945).
La première partie présentera, tout d’abord, l’enseignement traditionnel dans les
pays indochinois et l’installation de l’enseignement français dans ces pays. Nous
aborderons le système de l’enseignement et les concours confucéens au Vietnam, en
particulier pour comprendre les difficultés rencontrées par les Français lorsqu’ils
cherchaient des mesures pour éliminer cet enseignement et y installer un enseignement
français. Ensuite, nous parlerons des crises politiques et sociales dans les pays de l’Asie
de l’Est, en particulier la crise et l’échec de la Chine face à l’attaque des Européens et du
Japon aussi. Parallèlement à la crise de la Chine, les réformes et la puissance considérable
du Japon ont influencé profondément les lettrés chinois et vietnamiens. Ces changements
en Extrême-Orient ont conduit à des exigences de réforme de l’enseignement confucéen
qui était retardataire et se trouvait condamné comme une raison, un obstacle au
développement du pays.
Nous parlerons de la création et du fonctionnement de l’Ecole de Médecine, la
première école supérieure en Indochine et le plus important noyau du système de
l’enseignement supérieur en Indochine. La création et l’organisation de l’Université
indochinoise pendant la période de 1906 à 1908 sera abordée dans le quatrième chapitre.
Enfin, le cinquième chapitre parlera des quelques résultats de l’enseignement supérieur en
Indochine après la fermeture de l’Université indochinoise en 1908 jusqu’avant les
réformes d’Albert Sarraut en 1917.
La deuxième partie, l’organisation et le développement un système d’enseignement
supérieur en Indochine (1918-1945), représente le principal contenu de la thèse. Nous y
aborderons l’installation et le fonctionnement de l’Université indochinoise et des écoles
supérieures comme une partie officielle d’un système complet de l’enseignement en
Indochine. Comment a été organisé l’enseignement supérieur de l’Indochine ? Comment
fonctionnait-il ? Quelles sont les analogies et les différences entre l’enseignement de
l’Indochine et celui de la France et des autres colonies françaises ? Quels sont les plus
importants domaines de la formation ? Quels sont ses résultats et ses limites ?… Ce sont
les principaux sujets de questionnement auxquels nous essaierons d’apporter une réponse
dans cette partie.
19
A partir des réformes d’Albert Sarraut organisant un appareil de l’enseignement
uniforme et complet, du primaire au supérieur, les écoles supérieures ont été créées pour
former des agents auxiliaires indigènes aux services généraux et professionnels en
Indochine. Les problèmes du système de l’enseignement supérieur en Indochine, tels que
l’organisation, le programme de l’enseignement, le corps d’enseignants, le recrutement
des étudiants et la formation, l’utilisation des diplômés et le progrès de cet enseignement,
etc,… seront abordés dans les chapitres de cette 2e partie. A côté de la présentation
systématique de l’enseignement supérieur en général, les deux écoles de Médecine et de
Pharmacie et de Droit seront abordées précisément comme les premières et les plus
importantes écoles supérieures en Indochine. Les établissements de l’enseignement
supérieur furent reconnus comme leurs institutions similaires en France. Parallèlement,
quelques problèmes de l’enseignement secondaire seront évoqués afin de comprendre le
développement de l’enseignement au sein d’un enseignement d’ensemble. De plus,
l’enseignement supérieur dans les autres colonies françaises, en Algérie en particulier,
sera abordé pour avoir un regard comparatif, afin d’éclairer en plus les problèmes de
l’enseignement supérieur de l’Indochine dans ses liaisons à celui de l’empire français.
L’enseignement supérieur de l’Angleterre en Inde sera évoqué aussi pour comprendre
quelques points semblables et différents sur la politique de l’éducation appliquée par deux
des plus grandes puissances dans leurs colonies.
Une petite partie du dernier chapitre se consacrera aux efforts du gouvernement de
Hồ Chì Minh dans la réorganisation de l’enseignement et de l’enseignement supérieur au
Vietnam après la Révolution d’août 1945. Le gouvernement révolutionnaire a hérité des
résultats de l’enseignement français en construisant un nouvel enseignement, un
enseignement supérieur vietnamien.
20
Partie 1
LA PREMIERE ETAPE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
EN INDOCHINE (1902 – 1917)
21
Chapitre 1
L’ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL ET L’INSTALLATION DE
L’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS EN INDOCHINE
22
1. Le système de l’enseignement traditionnel en Indochine
1.1. L’enseignement confucéen au Vietnam
Le confucianisme est originaire de Chine dont son fondateur, Kongzi (551-479
av.J.C)29 est originaire. Pendant la période où le Vietnam a été soumis à la domination
des dynasties chinoises (179 av. J.C - 938), le confucianisme a été transmis aux habitants.
Après l’indépendance, les dynasties vietnamiennes utilisèrent de plus en plus cette
doctrine, le considérant comme un instrument très important pour administrer la société et
former leurs mandarins. Le confucianisme et l’enseignement de Confucius ont joué un
rôle très important dans l’histoire du pays pendant près de 1000 ans.
* L’organisation : l’enseignement public et l’enseignement privé
Le système de l’enseignement de Confucius traditionnel au Vietnam comprend
l’enseignement public et l’enseignement privé30.
Les écoles publiques furent créées par l'Etat. Au début, les écoles publiques ne se
trouvaient que dans la capitale et seuls les enfants qui étaient des princes ou les enfants des
hauts mandarins pouvaient étudier dans ces écoles. En 1076, le Quốc Tử Giám (Ecole des fils
de l’Etat) a été institué par le roi Lý Nhân Tông (1072-1127) qui choisit les mandarins ayant
des connaissances en littérature pour nommer les enseignants. Il s’agissait de la première
école publique au Vietnam. Ensuite, en 1253, le roi Trần Thái Tông (1225-1258) a créé le
« Quốc học viện » (Institut National de l’enseignement) pour enseigner Tứ Thư (quatre
ouvrages), Ngũ Kinh (cinq livres canoniques du confucianisme). A partir de 1397, le roi Trần
Thuận Tông (1388-1398) rédigea l'ordonnance qui créait les écoles publiques dans les
provinces. Ces écoles se trouvaient au chef-lieu des provinces, des « Phủ » (Préfecture) ou
des « Huyện » (sous-préfecture) et elles ont été placées sous l'administration directe des Đốc
học (instructeur provincial), Giáo thụ (instructeur de préfecture) ou Huấn đạo (instructeur de
sous-préfecture).
29
Selon Yves Gendreau, Confucius, nom latinisé de Kongzi, naît en 554 av.J-C et meurt en 479 selon
l’historien chinois Sima Qian, qui vécut au IIe siècle av. J-C. Il y a peu de renseignements sur sa vie ; haut
fonctionnaire, il a voulu transmettre des conseils à des dirigeants politiques et à des disciples. De son enseignement, il
reste une seule source authentique, le livre des Entretiens, où il transmet les préceptes qu’il a lui-même reçus, ainsi
que ses réflexions, à ses nombreux élèves qui ont pour lui une grande vénération. [Yves Gendreau, Pierre-Marie
Gendre. Un missionnaire vendéen au Tonkin de 1873 à 1935, L’Harmattan, Paris, 2012, p. 73].
30
Voir : Nguyễn Q. Thắng, Khoa cử và Giáo dục Việt Nam (L’enseignement et les concours au
Vietnam) Editions Văn hóa-Thông tin, Hanoi, 1994, pp.53-60 ; Nguyễn Thị Chân Quỳnh, Khoa cử ở Việt Nam Ŕ
Thi hương, tập thượng (Les concours au Vietnam Ŕ Thi Huong), vol.1, Editions An Tiêm, Paris, 2002, pp. 2736.
23
Dans tout le pays, les écoles publiques furent mises sous l'autorité du ministère des
Rites. Le roi Gia Long (1802-1820) créa « Nhà Quốc học » (la Maison de l’Education
Nationale) qui prit le nom de « Quốc Tử Giám » en 1821 sous la période du roi Minh
Mệnh (1820-1841). En 1908, le ministère de l’Education fut créé pour administrer
l’enseignement dans les écoles, mises sous l’autorité de la Cour de Huế.
A côté des écoles publiques ouvertes par l’Etat, des écoles privées jouaient un rôle
très important. Si les écoles publiques touchaient très peu d’élèves (les princes et les
enfants des hauts mandarins), les écoles privées ou les écoles familiales accueillaient un
grand nombre d’enfants. Les écoles privées comptaient des classes qui furent créées par
les «Thầy đồ» (les anciens confucianistes), ou par les familles pour former leurs enfants.
Ces classes se trouvaient dans presque tous les villages. Il n’existait pas de règlement
pour l'ouverture des écoles ou des classes privées et aucun titre n’était exigé pour y
enseigner; les maîtres étaient soit des candidats malheureux aux concours triennaux, soit
des bacheliers ou des licenciés sans postes, soit aussi des mandarins retraités ou révoqués.
Dans chaque école privée, il y avait un seul maître (Thầy đồ) avec des élèves de
niveaux différents. Comme dans les écoles publiques, l'enseignement dans les écoles
privées menait aux concours confucéens. Quant au programme et aux méthodes, il n'y
avait aucune différence entre l'enseignement public et l'enseignement privé, le but
commun étant de former des élèves participant aux concours confucéens.
Quant aux méthodes d’enseignement, « elles restaient très rudimentaires, les
maîtres n’ayant reçu aucune préparation pédagogique et les écoles n’étant soumises à
aucun contrôle », écrit D. Lafferanderie dans le Bulletin général de l’Instruction publique
de l’Indochine, n°6, février 193031. Les élèves étaient soumis à la direction d’un maître,
mais leur emploi du temps était variable. Selon Pascale Bezançon, «les élèves ne venaient
généralement à l’école que le matin et travaillaient chez eux le soir, pour apprendre leurs
leçons et faire leurs devoirs »32.
31
Cité in Pascale Bezançon, Une colonisation éducatrice ? L’expérience Indochinoise (1860-1945),
Editions L’Harmattan, Paris, 2002, p. 29.
32
Pascale Bezançon, op.cit, p. 29.
24